Nous sommes ravis de vous faire découvrir aujourd’hui un nouveau portrait d’une entrepreneure industrielle. Mélanie Guérin est Fondatrice de la startup industrielle Ergodry, qui permet de limiter les TMS chez les coiffeurs et les coiffeuses.
Mélanie, pourriez-vous nous présenter votre parcours professionnel et comment vous vous êtes reconvertie en cheffe d’entreprise ?
Je suis coiffeuse depuis 20 ans. Fascinée depuis toute petite par la coiffure, c’est tout naturellement qu’après le collège, je suis partie en CAP coiffure, puis en Brevet Professionnel (BP). Pour moi, la coiffure n’est pas seulement un métier, mais une passion.
Compétitrice dans l’âme, j’ai intégré dès mon apprentissage « Roanne Artistique Coiffure » puis « Coiffeur en France Rhône », deux structures qui coachent les jeunes pour la préparation aux concours de coiffure. Après avoir été médaillée d’argent des « meilleurs apprentis de Saône-et-Loire », puis après avoir remporté de nombreux titres internationaux, j’ai intégré en 2011 l’équipe de France de Coiffure. Depuis 2016, j’entraîne, forme et coache à mon tour les jeunes au sein de « Coiffeur en France », label artistique de l’UNEC (Union Nationale des Entreprises de Coiffure), en variant différents postes : adjointe artistique et responsable technique.
En 2018, soit au bout de 14 ans de carrière, comme la plupart de mes confrères et consœurs, j’ai été atteinte de Trouble Musculo Squelettique (TMS). Je me suis alors demandé comment j’allais pouvoir continuer ce métier. Une question qui ne me quittait pas également était : » Pourquoi est-ce à nous, coiffeurs/ses, de nous adapter à la machine, en l’occurrence le sèche-cheveux, et non l’inverse ? » C’est à ce moment-là que l’idée de Ergodry est née.
C’est en 2019 que je décide d’arrêter mon emploi de salariée pour me consacrer au projet ErgoDry. En 2020, j’intègre « 1kubator» pour monter ma société un an plus tard. En 2022 j’ai rejoint « les Premières AURA » et cette année la communauté du CSI France.
Pouvez-vous nous présenter Ergodry ?
ErgoDry est un nouveau dispositif breveté et ergonomique. Il permet de réduire les Troubles Musculo Squelettiques (TMS) lors des prestations de séchage des cheveux. Les TMS sont des affections qui regroupent les affections des articulations, les muscles et les tendons causées par la répétition des mouvements. ErgoDry est une buse de sèche-cheveux nouvelle génération. Elle dévie l’air à 90° et permet au coiffeur de ne plus monter le bras au-dessus de la ligne des épaules limitant fortement les sollicitations les plus délétères. Selon une étude ergonomique réalisée pour le projet par un cabinet d’ergonomie agréé, l’Ergodry réduit en moyenne 50% des contraintes physiques liées au port du sèche-cheveux.
Quels sont les freins rencontrés ?
Premièrement, quand je me suis lancée, je n’avais aucune connaissance du business en général, je suis donc partie de zéro.
Ensuite, j’ai dû faire face aux réflexions misogynes. En utilisant ce langage, mes interlocuteurs cherchaient à me faire comprendre qu’en tant que femme, je serai moins capable de réussir dans l’entreprenariat que les hommes.
De plus, j’ai été confronté aux jugements de certaines personnes qui, parce ce que je suis coiffeuse et que je n’ai pas fait de longues études, n’ont aucune considération ni confiance en mon projet.
Enfin, en tant que startup hardware, il est difficile de trouver des financeurs qui nous comprennent.
Quelles solutions pourraient être mises, ou ont été mises en œuvre pour remédier à ces freins ?
Les choses à mettre en place :
Le point le plus important et immédiat, comme pour tout entrepreneur industriel, c’est le financement. C’est pourquoi je recherche un financeur (Mécénat, BA,..). Mon objectif est de passer à l’étape des prototypes fonctionnels afin de pouvoir faire la traction marché et commencer les préventes, puis dans un second temps industrialiser une minisérie.
Ensuite, je suis d’avis que la communication et l’éducation sont les meilleurs moyens de faire changer les mentalités sur les entrepreneures, qui comme moi, n’ont pas de diplôme d’ingénieur et qui sont des femmes.
Ce que j’ai déjà mis en place :
Afin de pallier mon manque de connaissances dans le domaine de l’entreprenariat, je me suis tournée vers des incubateurs. Les Premières AURA, qui est un incubateur au féminin a été d’une grande aide. J’ai également rejoint des réseaux de mentor, ce qui m’a permis d’apprendre le langage et les codes entrepreneuriaux.
Pour étoffer mon réseau business (industrie, financement…) je me suis tournée vers le CSI France.
Pour répondre complétement aux besoins de votre activité, que faudrait-il ajouter ?
Il me faudrait des locaux, afin de reprendre des stagiaires et avoir un lieu d’accueil pour des futurs partenaires.
Quelles sont vos perspectives de développement ?
Je vais faire une première levée de fonds en 2024, afin de lancer la fabrication d’une mini-série, pour assurer mes préventes. Je souhaite également mettre en place un programme de formation via des vidéos explicatives.
En 2025, je lancerai une seconde levée de fonds, pour déployer mon activité, industrialiser à grande échelle et recruter du personnel.
Sur le long terme, je souhaite me déployer sur le marché européen et développer ErgoDry à d’autres corps de métier.
Pourquoi êtes-vous membre du CSI France ?
En rejoignant le CSI France, je voulais étoffer mon réseau et témoigner de mon parcours afin de faire évoluer les mentalités.