Objectif :
Définir les critères d’investissement pour la Création de Fonds d’amorçage industriel à capital patient « FAICP » (min 8 ans) sur le modèle « evergreen » : le ticket d’intervention devra être de 800k€ à 8M€. Les fonds devraient être dotés de 500 à 800M€ pour financer une centaine de projets existants puis une vingtaine de nouveaux par an avec une rotation du capital sur 8 ans.
L’objectif de ces financements est d’accompagner le projet à passer de la R&D/Prototypage à la grande série, c’est-à-dire, accompagner la pré-industrialisation du projet.
Pour rappel, un projet en amorçage industriel innovant peut se définir selon le modèle « 3 / 3 / 3 » :
- 300k€* pour la R&D / prototypage : phase de recherche qui permet de valider le marché, de définir le cahier des charges fonctionnel puis technique, de concevoir et développer le produit jusqu’à la réalisation d’un prototype fonctionnel appelé « MVP » ou « Démonstrateur ».
- 3M€* pour la pré-industrialisation : phase d’optimisation du produit tant en termes de coûts, de quantités produites que de fiabilité. Adapter le choix des fournisseurs, adapter le choix des procédés de production, adapter les technologies et méthodes d’assemblage et rédiger toute la documentation. Obtenir les certifications et homologations et respecter les normes. Produire les premières séries « pré-séries ».
- 30M€* pour la grande série : phase où les objectifs d’optimisation ont été atteints et où l’on décide de reproduire le produit autant que possible en réalisant les meilleures économies d’échelles. Soit en interne, en créant sa propre infrastructure de production, soit via des sous-traitants.
(*ratios permettant de comprendre les ordres de grandeur des tranches de financement pour chacune des 3 étapes de développement)
Critères d’éligibilité :
Dans le cadre du processus d’investissement, nous prendrons en compte prioritairement les 9 critères de sélection ci-dessous pour les investissements :
- présenter un niveau de TRL minimal de 5 (prototype taille réel, en environnement d’utilisation)
- avoir terminé la phase de R&D/prototypage et entrer en phase de pré-industrialisation
- proposer une innovation (sociale, technologique, business model, marketing/commerciale, procédé/organisationnelle, produit/service/usage) incrémentale ou de rupture
- être produit en Europe quand commercialisé en Europe, être produit en Amérique quand commercialisé en Amérique, être produit en Asie quand commercialisé en Asie
- avoir son siège social dans l’UE
- détenir sa propriété intellectuelle dans l’UE
- payer ses impôts dans l’UE
- mesurer son impact (voir quelle grille de critère simple peut être donnée pour filtrer les projets, cf. la grille de critère modifiée de la commission européenne, et vérifier si elle peut fonctionner dans ce cadre ou l’impact score du Mouvement Impact France par ex. ou voir si BPI France a déjà des grilles existantes ? lesquelles ?)
Nous souhaitons éviter certains plafonds de verre récurrents, en ne retenant pas les critères classiques suivant tels que :
- un minimum de 1M€ de CA réalisé
- être nécessairement basé sur une deeptech : technologie de rupture issue de laboratoires de recherche
- être en co-investissement avec un industriel. Les VC doivent pouvoir entrer au capital sans conditionner leur entrée à celle d’un industriel
- être dans un consortium (cela suppose un partage d’IP)
- présence obligatoire de brevet(s) ==> parfois le secret ou le savoir-faire ont plus de valeur ! (cc Coca-Cola)
Performance du fonds :
L’objectif du Fond en termes de performance financière brute pour les investisseurs est un multiple brut (donc calculé par rapport aux sommes investies, hors frais) de 2 et un TRI brut de 12,2% (taux de rendement interne équivalent à la rentabilité annuelle).
L’objectif de performance nette (donc cette fois calculée sur les montants appelés, frais de gestion compris) est basé sur un multiple net de 1.6 et un TRI net de 10,6 %.
Cet objectif pourra être atteint en 50% de parts de capital et 50% d’OC (pricing à déterminer). Nécessité que les OC soient reconnus comme « fonds propres » par les partenaires bancaires. Envisager une garantie BPI de 50% sur le montant global levé ?
Exemple : FAIM
Montage financement du fonds :
- BPI France devrait « lancer le mouvement » en opérant elle-même un fonds de capital risque, non sectorisé.
- Rassembler des corporates dans des fonds de fonds opérés par une société de gestion « indépendante » afin que les corporates n’investissent pas directement dans les projets mais indirectement. Les corporates impliqués pourraient en parallèle proposer la mise à disposition de leurs compétences en industrialisation via des prestations de conseil à destination des projets financés, sans obligation pour les projets d’y recourir (ex : Toschiba, Bosch, Michelin…).
- Chaque filière industrielle devrait avoir un fonds dont 20% serait réservés aux startups industrielles en phase de pré-industrialisation. Les 80% restant pouvant être orientés pour les startups industrielles en « phase grande série », PME et ETI en transformation.
La réflexion sur le véhicule doit consister à se demander : comment s’appuyer sur l’existant pour répondre aux besoins spécifiques de la pré-industrialisation ?
- Partir du véhicule le plus usité en capital-investissement, le FPCI, et réfléchir à comment l’améliorer : étendre sa durée de vie (augmenter la durée de blocage de rachat des parts des souscripteurs), prévoir une tranche evergreen pour réinvestir une partie des produits de cessions ;
- Monter une SLP evergreen avec : période de lock-up (blocage de rachat des parts), remboursement des parts échelonné de façon régulière dans le temps, mécanisme d’incentive des détenteurs de parts, etc.
- Au fonctionnement de ces véhicules peut s’articuler aussi le montage d’une fondation actionnaires, ce que regarde actuellement, pour assurer une protection et une pérennisation du capital à investir.
Le sujet porte davantage dans le montage d’un véhicule d’investissement avec une formule juridique et une mécanique économique adaptés à l’environnement institutionnel (acculturation forte des souscripteurs à des structures de type FPCI) et à la réalité industrielle (forts CAPEX en pré-industrialisation, temps de développement parfois long, cycles de vente rallongés, etc.) qu’à la réflexion sur les instruments.
Car cette dernière réflexion consistera davantage à valider les composantes quasi-fonds propres (venture debt, obligations convertibles, …) dans la thèse d’investissement.
Enfin, la dimension territoriale d’un tel véhicule ne doit pas être obérée. L’enjeu peut consister à développer aux échelles régionales des fonds d’amorçage industriel.
Exemples : 2050, Terre&Fils, FAIM
Gouvernance du fonds :
Avoir un Comité Consultatif composé d’entrepreneurs industriels et/ou « cadres industriels » (directeur.rice industriel.le, CTO, responsable bureau d’études, responsable achats…). Ce Comité se réunit tous les 3 mois pour donner son avis sur les deals en cours d’étude et s’assurer de la cohérence des projets avec la thèse d’investissement. Le Comité recevra au moins 7 jours à l’avance l’executive summary des projets qui seront discutés lors du Comité.
L’équipe de gestion doit avoir la culture industrielle des fonds capdev et la culture du risque des fonds d’amorçage.
Retrouvez l’ensemble des propositions du CSI France dans notre Manifeste des solutions disponible sur www.csifrance.fr.